Jann Halexander

L’ auteur Samson Mawulolo Ahlijah

La publication de mon ouvrage ‘La question des Ovnis en Afrique Centrale’ en novembre 2023 fit l’effet d’un électrochoc dans le milieu ufologique francophone que je n’avais pas du tout anticipé. En effet, il s’agissait pour moi de faire un état des lieux sur le rapport des sociétés gabonaises et congolaises à la question OVNI. Ce fut un travail âpre, compliqué, parfois monotone, que j’estimais nécessaire pour des raisons personnelles d’une partie et par engagement citoyen d’autre part. Mais la région choisie, la thématique, le format (entretiens) tous ces me paraissaient trop spécifiques pour susciter l’intérêt des éléments. Bien au contraire, la nouvelle de la publication de l’ouvrage fit boule de neige. L’ouvrage a également d’un contexte français particulier car la date de publication coïncidait avec le colloque historique consacré aux ovnis du 4 au 5 novembre 2023 à l’université de la Sorbonne, où étaient présents Jacques Vallée, Luc Dini, Eric Zürcher , Philippe Guillemant, Fabrice Bonvin, Michael Vaillant, bref ni plus ni moins les seigneurs de l’ufologie francophone.

Dans le sillage de la sortie de l’ouvrage, j’ai créé le réseau UAP AFRIQUE (UAP signifiant Unidentified Aerial Phenomenon). Pour la petite anecdote, j’aurais pu employer le terme français, PAN pour Phénomènes Aérien Non-identifiés. Cela aurait donné Pan-Afrique, ce que je ne voulais pas, car cela aurait pu être ambiguë. Le public aurait conclu à la seule lecture du terme qu’il s’agissait d’un énième courant idéologique panafricain et n’aurait peut-être pas prêté attention au contenu de la chaîne youtube. Un contenu alimenté par des podcasts que je co-anime avec Stéphane Royer, une autre grande personnalité de l’ufologie française, qui a beaucoup travaillé sur les liens ovnis/nucléaires. Je n’ai jamais eu le désir d’être un pionnier sur la question des ovnis en Afrique. Je n’ai pas de passion pour l’ufologie. J’ai un lien personnel, intime à la question ovnis qui rend ce sujet concret à mes yeux. Je ne rêve pas de voir un ‘ovni’ : j’en ai du déjà vu. Je ne rêve pas de voir un gris. J’en ai du déjà vu. Et je n’avais rien demandé. Je l’écris posé, avec une assurance sans doute qui déroutera certains, tant pis. Je suis quelqu’un par ailleurs de profondément terrien, attaché à la matière, je suis agnostique, je n’ai pas de spiritualité particulière. Je ne vais pas au cinéma voir le moindre film sur des extraterrestres, il n’y a pas d’affiches de cinéma chez moi, ni le moindre t-shirt sur lequel c’est marqué ‘Je veux croire’. J’ai abordé ce sujet avec les réflexes de l’étudiant en géographie options sociologie et aménagement du territoire que j’ai été aménagement, et pour contribuer comme d’autres à travers le monde à déshabiller ce sujet sérieux du stigmate qui l’entoure.

Avec l’aviateur Jack Krine, événement ECHOE EVENT à la Sorbonne le 5/11/2023.

Il n’est tout simplement pas concevable qu’en 2024, l’opinion publique accepte avec bonhomie quelqu’un qui se convertit au christianisme suite à une nouvelle foi retrouvée mais tourne en dérision une personne qui dit qu’elle a vu quelque chose d ‘anormal dans le ciel ou un être bizarre dans sa chambre. On peut toujours répéter à l’envie que l’humour est la politesse du désespoir mais cela n’aide pas les personnes confrontées à ce qui sorte de l’habituel. Qui n’est sans doute pas si extraordinaire que ça. Prétendre que des intelligences exogènes nous visitent est extraordinaire revient à affirmer que l’être humain est tellement unique que tout ce qui ne rentre pas dans sa conception du monde est incroyable. L’humain, qu’il soit européen ou africain doit faire preuve d’humilité. Dans le cas contraire, le prix à payer sera énorme. Les « extraterrestres » se fichent pas mal que des millions de gens ne croient pas en eux. Cela ne les empêche pas de survoler des centrales nucléaires par exemple. Et c’est bien là le problème. C’est ce qu’a compris Samson Mawulolo Ahlijah, au Togo, perplexe face au déni ou à l’apathie des sociétés africaines concernant ce sujet. On connaît le refrain anthropocentrique ‘si les aliens étaient dangereux, il y aurait longtemps qu’ils nous auraient détruits’. C’est faire fi des faits dramatiques qui se sont déroulés à Colares, au Brésil ou en Erythrée dans les années 70. L’autre refrain ‘impossible pour des gens qu’ils viennent de si loin, car on ne peut pas voyager plus vite que la lumière et puis venir de si loin pour arracher des fleurs ou mutiler des vaches, quelle idée’ est également pernicieuse. Quand on évoque les lois de la physique, il est utile de préciser systématiquement les lois de la physique connues. Ensuite, il n’est pas du tout prouvé que des ‘extraterrestres’ viennent d’une galaxie lointaine. Enfin, venir sur terre prélever des fleurs n’est pas plus incongru qu’aller sur la lune récupérer des cailloux…

L’ ovni est un emmerdeur car il EST la haute étrangeté. Quelque chose d’étranger à nos structures mentales humaines. Certes, sur terre, il y a des millions d’intelligences non humaines, que nous ne comprenons pas ou peu, des baleines aux punaises. Mais l’humanité, dans sa globalité, a une supériorité technologique sur elles. Or les intelligences exogènes liées aux Ovnis ont une supériorité sur nous. Elles semblent capables de manipuler l’espace, le temps. Et les consciences. Ces cinq dernières années, le rapport de force s’est équilibré entre les sceptiques radicaux et les partisans de l’hypothèse Aliens (que ceux-ci viennent d’une galaxie lointaine ou de mondes interdimensionnels). Les zététiciens, pour diverses raisons, n’ont plus le tapis rouge qu’ils avaient jusqu’en 2017 (2017 étant l’année où une enquête secrète sur les ovnis financée par le gouvernement des Etats-Unis a été rendue publique par le New York Times). Les révélations de David Grusch, lanceur d’alerte en juin 2023 ont été abondamment commentées dans le monde entier à quelques exceptions près. Le continent africain semble être passé à côté. Comme l’écrit Samson Mawulolo Ahlijah, le sujet OVNI y est un sujet fantôme. L’Alien très souvent y est impensé. Pourtant le continent n’a pas échappé par exemple à la vague d’ovnis de 1954, année récurrente tout au long de l’ouvrage. Il y a eu de nombreuses observations d’engins également à proximité des mines d’or ou des gisements d’uranium et des observations d’êtres étranges. Peut-on simplement se contenter de l’argument ‘Les africains ont d’autres priorités’ ? Difficile à dire. Il y a une classe moyenne importante qui aurait du temps pour s’intéresser à ce sujet. Or elle ne le fait pas. Les intellectuels, souvent issus de la classe moyenne ou de la classe bourgeoise tournent en rond autour du même sujet : colonisation, colonisation, colonisation. Ils sont finalement discrets, très discrets sur : l’intelligence artificielle, les changements climatiques, les droits des femmes et des minorités en général, le tribalisme, la condition animale etc. Alors, sur le sujet des ovnis en Afrique, il y a presque tout à faire. Déjà, dans un premier temps, proposer une base de données sous forme d’ouvrage, établir un cadre. Jusqu’à maintenant, les histoires d’ovnis en Afrique sont dispersées dans la toile géante d’internet et des coupures de presse éparpillées. Tout le monde n’a pas la patience, ni l’envie ni même la présence d’esprit de fouiller à droite à gauche. En ce sens, le travail de Samson Mawulolo Ahlijah est essentiel. L’écrivain togolais signe là le début d’une grande aventure, complexe et intéressante : celle de l’ufologie africaine.

Jann Halexander, auteur, chanteur

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