par Samson Mawulolo Ahlijah

Antananarivo, 1954

Sur les deux derniers siècles, l’humanité a enregistré d’énormes progrès technologiques. Il y a de cela environ 50 ans, l’homme a pour la première fois posé les pieds sur la lune. Les progrès dans le domaine de la santé ont permis de prolonger considérablement l’expérience de vie et grâce aux avancées dans le domaine de la télécommunication, l’information circule désormais très rapidement.

Mais malgré ces avancées, de nombreux mystères subsistent autour de plusieurs questions essentielles. L’origine de l’homme et sa place dans l’univers ne sont toujours pas totalement élucidés. Quant à la question de savoir si nous sommes seuls dans l’univers, la majorité des chercheurs s’accordent à dire que les chances d’existence de civilisations extraterrestres sont très élevées.

Même si officiellement aucun contact avec un gouvernement Alien n’a été établi à ce jour, l’apparition régulière d’objets volants non identifiés (OVNI) aux quatre coins du monde attirent l’attention de la population et nourrit de nombreuses spéculations.

Depuis le crash de Roswell aux États-Unis, la question des Ovnis est devenue un sujet ambigu qui alimentent de nombreux débats. L’attitude des médias, des gouvernements et de la communauté scientifique oscille entre doute et moqueries. D’ailleurs, l’ufologie ou la science qui étudie les phénomènes aériens non-expliqués est considérée par beaucoup comme une discipline de personnes farfelues. Toutefois, les faits restent têtus et que ce soit dans le ciel de Paris, de Londres, de Madrid ou d’Abidjan, d’étranges appareils volant font leurs apparitions et échappent totalement à toutes explications scientifiques.

Les gouvernements semblent avoir compris depuis longtemps, l’importance de créer un cadre d’étude adéquat pour ces phénomènes en vue de se préparer à l’éventualité d’un contact avec une civilisation extraterrestre. Le 20 mars dernier, pour la première fois, des députés de l’Union-Européenne sous la coordination du député portugais Francisco Guerreiro ont organisé une longue réunion au cours de laquelle des ufologues du vieux continent se sont exprimés sur le sujet des Ovnis.

Membre du réseau UAP CHECK et ufologue de longue date, Eduardo Russo figurait parmi les intervenants. Il a indiqué que les phénomènes aériens non expliqués (PAN) étaient loin de ne concerner que les États-Unis et s’est appesanti sur les nombreux cas d’observations en Europe. Si des comparaisons ont été faites avec le traitement de la question des Ovnis aux États-Unis, le nom d’un continent, l’Afrique n’a pas été véritablement mentionné au cours des échanges.

Est-ce que des Ovnis sont observés en Afrique ? Oui ! Alors pourquoi personne (ou si peu de gens) n’en parle ? La réponse à cette question est complexe et fait écho à la situation complexe dans laquelle se trouvent les pays africains. Certains des cas d’observation d’Ovnis qui semblent confirmer la présence de vie en dehors de notre terre ont été faits en Afrique. Deux incidents retiendront notre attention.

La première est la très célèbre observation de l’école primaire d’Ariel qui s’est produit en septembre 1994 au Zimbabwé. Au total, une soixantaine d’enfants ont indiqué avoir vu d’étranges vaisseaux atterrir. De ces vaisseaux, des êtres à l’apparence humanoïde mais dépourvus de narines seraient sortis et auraient établi une communication télépathique avec eux. Leurs messages portaient sur les risques écologiques que couraient la planète. En 2024, 30 ans après les faits, la version de beaucoup d’enfants qui sont maintenant des adultes n’a pas changé. Le cas de l’école d’Ariel a fait l’objet de nombreuses enquêtes internationales mais a bénéficié de peu d’attention au Zimbabwé et en Afrique.

La seconde apparition d’Ovni a eu lieu en 1954 à Madagascar alors que le pays était une colonie française. Sous les regards étonnés de milliers de personnes, un objet volant de couleur noire et dont la forme se rapprochaient vaguement de celle d’un cigare a survolé la principale avenue d’Antananarivo à moins de cent mètres (100 mètres) du sol.

L’appareil n’émettait aucun bruit. Son passage provoqua des pannes d’électricité et les propriétaires de fermes d’élevage et d’animaux domestiques remarquèrent une agitation inhabituelle des bêtes. Cette observation incitera le général de Gaulle à penser à la mise en place d’un organisme officiel français d’étude des OVNIs. Le projet se réalisera en 1977 avec la création du GEIPAN.

Ces deux cas sont loin d’être des exceptions. En Afrique comme partout ailleurs, les observations d’Ovnis se sont multipliées au cours des années écoulées. Si le continent ne fait pas tellement parler de lui sur ce plan, c’est en partie à cause d’un manque d’intérêt des intellectuels vis-à-vis de la question Ovni. Pour beaucoup d’entre eux, les extraterrestres, les ovnis et autres, est une folie du monde occidentale et de l’homme blanc.

La seconde raison est le laxisme des États. S’ils ne sont tout simplement pas ignorants de la question des Ovnis, beaucoup d’exécutifs africains estiment avoir des problèmes plus sérieux à résoudre. Et pour les régimes dictatoriaux qui semblent avoir de beaux jours devant eux sur le continent, le plus important est de se maintenir au pouvoir. Cet état de désintérêt général est renforcé par l’attitude d’une population qui, acculée par les problèmes d’accès à l’énergie, à l’eau potable, à l’éducation et à la santé n’a pas le temps d’observer le ciel.

Cette rencontre entre les députés européens et les ufologues doit être interprétée comme étant la preuve que tous les continents, peu importe leur degré de développement, doivent prendre la question des Ovnis au sérieux. Le manque de prospective en Afrique a empêché le continent Africain à plusieurs reprises de retrouver sa place dans le train de l’histoire, un train qu’il a pourtant créé en tant que berceau de l’humanité. Les erreurs du passé doivent servir de leçon aux dirigeants africains. La question des Ovnis n’est pas un délire du monde occidental. Il ne s’agit d’ailleurs aucunement d’un délire. C’est un sujet très sérieux qui mérite qu’on s’y intéresse avec une approche scientifique.

Les institutions régionales comme la SADC ou la Cedeao ou encore l’Union Africaine doivent accorder plus d’attention à ces étranges objets volants et mettre en place dans la mesure du possible des organismes regroupant des ufologues, des scientifiques et des experts dans d’autres disciplines pour une étude approfondie de cette question.

L’approche de l’Afrique sur cette question ne doit toutefois pas être un simple mimétisme de l’approche occidentale. Les États-Unis en particulier et l’Europe dans une certaine mesure analysent principalement la question des Ovnis à travers le prisme sécuritaire. Les films de Hollywood en disent long sur ce point de vue : les extraterrestres sont des méchantes créatures venues asservir l’humanité ou la détruire.

Personne ne peut garantir pour le moment les bonnes intentions des occupants de ces étranges vaisseaux qui survolent les villes et les campagnes de notre planète bleue. Toutefois, en plongeant dans les racines profondes de l’Afrique qui mettent l’accent sur l’hospitalité et l’importance de bien accueillir toute personne étrangère, les ufologues du continent peuvent proposer une nouvelle approche de l’étude des phénomènes aériens inexpliqués.

Une réponse à « Vu d’ailleurs : quelles leçons l’Afrique doit tirer de l’approche de l’Union Européenne sur la question des Ovnis ? »

  1. Tananarive – 1954

    1954 fut une année prolifique en matière d’ovnis. La vague débute en septembre 1954, est à son paroxysme en octobre et baisse d’intensité pour s’éteindre au début du mois de décembre. Toute la France est concernée par ces diverses observations. On trouve pour cette époque un pic remarquable d’observations, de rencontres rapprochées du IIIème type avec les plus exotiques des créatures (du nain velu, en passant par les petits humanoïdes hydrocéphales, jusqu’aux humains revêtus de scaphandre, d’une tenue collante, ou irradiant d’une couleur vert phosphorescent), des observations collectives, etc. Naturellement, toutes les observations de cette vague n’ont pas gardé la même consistance au fil du temps. Certains cas cependant, demeurent rétifs à toute théorie conventionnelle.

    L’observation de Tananarive, capitale de l’île de Madagascar qui était alors une colonie française est remarquable à plus d’un titre. Il s’agit en effet d’une observation diurne, avec des milliers de témoins potentiels et dont on trouve trace dans la presse locale comme dans les souvenirs de témoins qui ont approché ce phénomène. Le cas n’a pu être réduit à des causes normatives ou conventionnelles, il a eu des effets constatés sur l’environnement et ces circonvolutions excluent toute confusion avec un bolide quelconque. Ce témoignage nous est surtout connu par les multiples relations qu’en a fait Edmond Campagnac, polytechnicien, ancien officier d’artillerie et qui se trouvait alors directeur technique d’Air France à Tananarive. A partir de cette date, Edmond Campagnac porta un vif intérêt aux ovnis, présidant un temps aux destinées du GEPA et approchant les responsables militaires du dossier.

    Le 16 août 1954, vers dix-huit heures et tandis que Campagnac converse avec ses collègues sur l’Avenue de la Libération, l’artère principale de la ville de Tananarive, les témoins aperçoivent dans le ciel comme une « boule vert-électrique » descendant vers le sol. Masqué un temps par une colline près du palais de la Reine, ils pensent que l’objet en perdition va s’écraser au sol. Mais celui-ci réapparaît une minute après, faisant le tour des parties hautes de la ville, sises sur un ensemble de collines en forme de fer à cheval.
    Le phénomène rejoint alors l’avenue de la Libération qu’il survole à une altitude comprise entre cinquante et cent cinquante mètres. L’estimation de l’altitude peut être considérée comme exacte, le phénomène passant devant des collines dont la hauteur était connue, ainsi qu’à proximité des bâtiments longeant l’avenue de la Libération.
    Campagnac, qui est donc littéralement survolé par l’ovni, peut l’observer dans tous ses détails. Ce qui était perçu au loin comme une sphère lumineuse de couleur verte est une sorte de lentille, comme faite de plasma, d’environ quarante mètres de long, soit « la taille d’un DC-4 ». Ce phénomène précède de quelques mètres un objet d’aspect métallique, de couleur argentée ou aluminium, en forme de « ballon de rugby » et d’une taille similaire au premier objet. Les témoins noteront que des flammèches bleutées s’échappent de l’arrière du second objet. L’ensemble du phénomène est totalement silencieux, c’est ce qui frappe le professionnel de l’aéronautique qu’est Edmond Campagnac qui précise que l’ovni ne faisait pas même le bruit de frottement sur l’air qu’un planeur sans moteur peut produire.
    Tout l’intérêt de ce cas réside dans le fait que l’observation fut corrélée par de nombreux effets interagissant avec l’environnement. Au passage de l’objet, les témoins affirmèrent que les lumières et appareils électriques s’éteignaient, pour se rallumer immédiatement après. Une panne générale d’électricité se produisit immédiatement après le passage de l’ovni et dura une dizaine de minutes. Le phénomène produisit également une peur panique chez tous les animaux, pourtant accoutumés aux bruits d’une grande ville et spécialement aux avions civils et militaires qui survolaient quotidiennement la zone tandis que l’ovni de Tananarive n’émettait pas le moindre son. Les chiens hurlaient à la mort et au passage du phénomène au dessus du parc à bestiaux, qui contenait des zébus alimentant le marché de la journée, les animaux entrèrent dans une panique générale qui ne manqua pas d’étonner les témoins malgaches.
    Après le survol de la cité malgache, le phénomène repartit vers l’Ouest où il fut aperçu à peine quelques minutes après, non loin d’une ferme-école située à cent cinquante kilomètres de Tananarive. Les troupeaux paissant à proximité de la ferme furent saisis par la même panique et le directeur de la ferme-école dut mobiliser des renforts pour récupérer les bêtes dispersées après le passage du phénomène.

    D’après le personnel d’Air France, le général de brigade Fleurquin, commandant militaire de la colonie française de Madagascar, fut chargé de présider une « commission scientifique » mais on en trouve aucune trace administrative. Ce dossier n’a pas non plus été remis au GEPAN lors de sa création en 1977 contrairement à ce que l’Armée s’était engagé à faire. Nul doute qu’il ait existé, qu’il s’est perdu ou que d’obscures considérations stratégiques l’ont tenu secret depuis lors. Des revues ufologiques ont néanmoins fourni des relations fidèles de l’événement et retrouvé de nombreux témoins de l’époque . Il se dit que les plus hautes autorités furent positivement impressionnées par le récit de ce phénomène mais nous n’avons aucune trace de cet intérêt. Notons que ces témoins, français de la métropole et autochtones malgaches, étaient naturellement issus d’horizons culturels et sociaux très divers et témoignent d’un même phénomène.
    Edmond Campagnac notait encore en 2004 que « … certains Malgaches avaient déjà observé ce genre de phénomène. Nous, les Occidentaux, nous baissons trop la tête », explique cet ancien ingénieur qui a grandi en Extrême-Orient. Il n’existerait aucune photographie de cet événement : « Parmi les Européens, tout le monde sortait du travail, nous n’avions donc pas un appareil en bandoulière à ce moment-là ». Selon lui, le responsable de l’observatoire a ensuite transmis les témoignages à l’armée de l’air. Depuis, ces documents n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque communication de la part des autorités militaires ou politiques. Pour quelle raison ? Edmond Campagnac répond en citant Paul Valéry: « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde ».
    D’après Campagnac, c’est un révérend jésuite, le père Coze, directeur de l’observatoire astronomique de Tananarive, qui fut chargé de mener l’enquête et de noter des témoignages, incluant ceux des gens d’air France aussi bien que des malgaches. Cette investigation révéla d’ailleurs que certains paysans malgaches avaient déjà été confrontés au phénomène ovni mais la population locale n’avait jamais été interrogée à ce sujet. Il fut établi, sur la foi des témoignages relevés à proximité de la ferme-école, que l’ovni s’était déplacé à une vitesse d’environ 3000 kilomètres/heure, après le survol de Tananarive. L’enquête songea un temps, comme il était alors coutumier de le penser, à un prototype militaire secret, vraisemblablement soviétique mais les caractéristiques de l’ovni excluaient totalement cette hypothèse, de toutes façons peu crédible dans la zone géographique où elle s’inscrivait.

    Thibaut CANUTI

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