par Samson Mawulolo Ahlijah

Depuis les temps antiques, dans les profondeurs sombres des âges oubliés, l’être humain a toujours regardé vers le ciel. Cette voûte bleue qui recouvre notre petite planète terre a été dans presque toutes les civilisations un objet de culte et surtout un sujet d’espoir. Du ciel jaillit la pluie qui fertilise le sol et permet à l’espèce humaine de continuer par exister. Mais le ciel est aussi, dans toutes les cultures, la demeure des dieux anciens et un lieu plein de mystères.

Depuis le célèbre crash de Roswell qui s’est déroulé aux États-Unis, le ciel est scruté par des milliers d’hommes et de femmes dans le monde occidental. Ces derniers sont à la recherche d’étranges vaisseaux volants qui appartiendraient à d’autres mondes et qui viendraient pour d’obscures raisons visiter le nôtre. De temps en temps, des photos circulent et des témoignages singuliers, auxquels aucune explication rationnelle n’est trouvée, nous emmènent à nous poser des questions sur l’univers dans lequel nous évoluons. Et la question qui nous interpelle souvent est de savoir si nos gouvernements, en l’occurrence le gouvernement de la première puissance mondiale, nous cachent des choses.
Pour apporter des éléments de réponse à cette interrogation, nous avons décidé d’ouvrir un ouvrage paru récemment et qui s’annonce déjà comme une référence en la matière. Il s’agit d’Inside the Pentagon’s Hunt for UFOs de Luis Elizondo. Cet ouvrage singulier nous plonge dans le monde particulier des enquêtes sur les UAP au sein du département de la défense des États-Unis. En tant qu’ancien initié, Elizondo jette la lumière sur l’inertie bureaucratique et la réticence à reconnaître pleinement le phénomène. Fidèle à une rhétorique occidentale, il présente les UAP comme un mystère profond et surtout comme un problème de sécurité urgent.
On apprend à la lecture de cet ouvrage que la frustration de l’auteur à l’égard du système l’a conduit à démissionner. Luis Elizondo s’évertue à démontrer que plusieurs institutions américaines évitent souvent de divulguer des informations au public en raison de son incapacité à expliquer les phénomènes. L’auteur est convaincu, sans en avoir la preuve formelle, que les ovnis représentent des menaces à prendre au sérieux.
L’un des points forts du livre est son approche méticuleuse de la documentation des rencontres avec les UAP. Luis Elizondo porte volontiers la casquette d’un ingénieur aérospatiale galactique et explique avec des diagrammes et des détails techniques les méthodes de propulsion potentielles. Il s’efforce de trouver un équilibre entre la fourniture d’informations techniques suffisantes et la protection des informations classifiées pour appuyer sa position et son point de vue.
Un autre point fort du livre est la critique de l’establishment politique et militaire américain. Elizondo accuse ses derniers, véritables maîtres de l’État profond américain, de ne pas communiquer les informations sensibles sur les Ovnis aux peuples et aux élus (sénateurs et membres de l’exécutif). Ce secret est profondément ancré au sein des agences gouvernementales, qui considèrent souvent (selon l’auteur) les dirigeants politiques comme des figures temporaires. De ce fait, ces derniers ne méritent pas un accès complet aux données. Cette méfiance institutionnelle, affirme-t-il, entrave tout contrôle significatif ou toute responsabilité publique.
Du livre d’Elizondo, nous retenons deux choses. La première, est que la question des Ovnis continue d’être un mystère parce que certains puissants de ce monde le souhaitent ainsi. La seconde est que la question des Ovnis mérite d’être abordée avec le plus grand sérieux. Loin d’être un sujet marginal, il touche à l’essence même de l’existence de l’espèce humaine en tant que composante d’un univers dont elle ignore pour le moment les lois et les limites.
En présentant les UAP comme un problème de sécurité nationale potentiellement grave, Elizondo ajoute de l’urgence au discours sur la divulgation et la transparence du gouvernement. La question qu’on peut se poser est de savoir si les Ovnis ne peuvent être analysés que sous l’angle d’une menace pour la sécurité des États-Unis et par ricochet du monde. Pourquoi des êtres vivants à des années lumières et capables peut-être de traverser l’espace et le temps en voudraient-il aux États-Unis ? Cette posture humano-centrée et nombriliste nous semble être le grand piège de l’ufologie moderne.
Si l’humanité veut s’ouvrir aux vivants extraterrestres, il faudrait d’abord qu’elle se débarrasse de ces concepts anachroniques du bien et du mal hérité des religions monothéistes. Nous ne sommes pas de gentils terriens contre les méchants venus de l’espace. Nous ne devons pas oublier que la morale est fille du temps et de l’espace. En plus, quelle idée de vouloir juger des êtres issus d’un autre continuum spatio-temporel avec des critères éthiques propres à notre planète bleue ?

Lomé, Togo
Luis Elizondo nous apporte indiscutablement des informations précieuses sur la compréhension par le public de l’engagement du gouvernement américain au sujet des Ovnis. Cette compréhension qui semble s’être imposée dans le monde occidental s’articule autour d’un besoin de sécurité. Elle a, selon nous, besoin d’être contrebalancée par une vision africaine qui analyse la question des UAP sous l’angle de la naissance d’une hospitalité universelle, symbole de nouvelles opportunités pour l’humanité.


Samson Mawulolo Ahlijah




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