
Théophile Mapan
O.V.N.I la première fois que je vis ce mot tel qu’écrit, ce fut sur la couverture d’un livre intitulé : » La science face aux extra-terrestres » d’un certain pierre quelque chose. À dire vrai je ne me rappelle plus le nom de l’écrivain, je me dis cependant qu’il était français. En outre, j’empruntai ce livre dans la bibliothèque d’un oncle, a son insu. Nous sommes dans les années quatre-vingt dix.
Au lieu de le lire, je me pavanais dans tout le quartier avec ce chef d’œuvre, à en juger par les images de sa couverture et son titre. C’est ainsi qu’un aîné du quartier me l’emprunta ne sachant pas que ce fut ma dernière fois de le revoir ; car à chaque fois que je le lui demandais , il trouvait toujours une nouvelle excuse pour ne pas me le rendre. Je finis par me résigner au bout de un an.
Les années s’écoulèrent et de l’eau coula sous les ponts. Et avec l’avènement d’Internet, je retrouvai le mot OVNI dans des différentes pages de groupes. Je décidai alors d’en savoir davantage, en lisant plusieurs publications qui mentionnaient les soucoupes volantes, notamment le témoignage de pilotes de l’armée…Il me revint alors une anecdote, vécue lorsque j’étais enfant, à peine 6 ans.
Une nuit comme à l’accoutumée, mes sœurs aînées et moi étions assis dans la cour. Pendant qu’elles papotaient, je scrutais le ciel étoilé tel un mage, espérant avec force qu’un avion passerait. Car petits, quand nous voyions ce joyau assimilé à Clément Ader, nous criions ‘avioooon’ et même le noir obscur ne nous en aurait pas dissuadé. Beaucoup d’enfants le faisaient, rien à voir avec ceux de nos jours, qui sont grands bien qu’encore petits.

Douala
Alors que je scrutais le ciel, je vis au loin une sorte d’avion qui n’en avait ni l’apparence, ni la dimension. En continuant à regarder, il s’arrêta net en plein ciel, on aurait dit une étoile. J’attirai donc l’attention de mes deux sœurs dont la causerie avait déjà visiblement pris racine. Elles y jetèrent un coup d’œil et conclurent illico » c’est une étoile « , pour se débarrasser de moi et retourner à leur commérage. Mais face à ma persistance à dire que c’est un avion parce que je le vis se déplacer. C’est vrai que les étoiles se déplacent également, mais pas de cette façon. Elles décidèrent de remettre leur mauvais bavardage à plus tard pour se concentrer sur les astres. D’abord parce qu’elles savaient que je ne mentais pas, du moins à cette époque comme tous les enfants de cet âge, mon oui était vrai et mon non aussi. Ensuite parce qu’elles savaient pertinemment que je les aurais perturbé toute la nuit. Le ciel fut particulièrement bondé d’étoiles cette nuit là, un beau spectacle pour les yeux. Au bout d’un moment, il se remit à bouger en émettant cette fois ci des jeux de lumière, comme pour leur dire croyez-le! Puis il fit un quart de tour et s’éloigna à toute allure. Les deux compères abandonnèrent leur idée d’étoile et s’écrièrent en même temps comme des jumelles qu’elles étaient loin d’être : » Apollo ! » Pour ma part, il y avait quelque chose de plus complexe que Apollo, du moins de différent. Un avion qui s’immobilise dans le ciel sans tomber ? Non, je connaissais Apollo moi aussi mais ce n’était pas cela. Voilà comment mes souvenirs d’enfance me firent adhérer aux repas ufologiques, on y parlait d’OVNI, d’objets volants, ce qui est pure vérité car j’en suis un témoin vivant. Le plus difficile fut d’en parler autour de moi, aux amis etc. Je savais pertinemment qu’ils ne comprendraient pas, que ce n’était pas de notre culture, la culture africaine. Malgré tout, le repas ufologique de Douala, Cameroun était né.
Les ovnis n’ont pas de compte à régler en Afrique, du moins pas beaucoup ( rires ). Seuls quelques rares personnes comme moi, chanceuses ou peut-être même malchanceuses, croisèrent le chemin de ces trucs.
Cependant, nous avons aussi des choses bizarres à nous, des événements, des faits auxquels les gens croient. Au nombre de celles ci figurent ( les avions de nuit ). Qu’est-ce que c’est ?
Déjà adolescent, entre treize et dix-sept ans, il se disait dans le village de ma nourrice ( a femme de mon père), qu’un avion s’y posait régulièrement entre minuit et une heure du matin et qu’on pouvait même entendre le bruit assourdissant du moteur, comme s’il s’agissait d’un vrai avion. Pour être franc, je ne l’avais jamais vu, ne vivais même pas dans ce petit village à hérisser le poil, y allais seulement pendant les vacances. Mais des personnes mûres, aux cheveux gris, en étaient formelles; si l’avion poussait son audace jusqu’à’ atterrir dans votre cour, un membre de la famille allait grossir le nombre gens endormis dans le caveau familial, deux jours plus tard. Quand vous vouliez en savoir plus, il fallait user d’une ruse, en approchant l’une de ces personnes dont les cheveux ont tellement été noirs, si bien qu’ils ont opté pour une couleur tantôt grise pour certaines et tantôt blanche pour d’autres. Toujours est-il que ce sont les gardiens de la tradition, les bibliothèques personnifiées. C’est pourquoi très souvent en Afrique, lorsqu’un vieux s’éteint, il est courant d’entendre dire que ‘c’est une ‘ bibliothèque qui brûle ‘. Il fallait donc pour avoir le fin mot de l’histoire, approcher une de ces personnes âgées avec de la noix de cola et une bonne bouteille de vin de palme. A ce moment, elle vous disait ce que vous vouliez savoir, non sans introduire son récit avec un proverbe ou une citation qui vous faisaient croire que Victor Hugo et Molière n’étaient que des enfants à côté de lui. C’est notoire, le vin réjouit le cœur mais peut aussi inspirer et rendre un muet bavard. Quand ces gardiens de la tradition avaient ce nectar dans le gosier, ils vous livraient toutes leurs connaissances. Et au fur à mesure que la bouteille se vidait, ils chercher loin dans leur cerveau pour vous livrer des Secrets qui vous rendaient important Ce fut donc de cette façon qu’on apprit que l’avion en question était une boîte de sardine surnaturellement transformée en avion. Il prenait du kérosène, avait un nombre exact de passagers à transporter. Lorsque un de ces critères faisait défaut, il atterrissait en urgence et avec fracas sur le toit d’une maison.
Effectivement, il y eut des histoires de ce genre à Douala (capitale économique du Cameroun, grande métropole d’affaires). Ces faits étaient classés dans la rubrique des divers. Et même dans mon quartier d’enfance, il y eut deux faits similaires. Des scènes où au lever du du jour, entre quatre et cinq heures, on entendit un grand bruit, à réveiller tout le monde, sur le toit. En allant y jeter un coup d’œil, quelle ne fut pas la surprise de trouver de minuscules personnages qui prenaient une forme humaine normale au fur et à mesure que s’égrenaient les minutes. Et ce fut sous de fortes menaces que les vielles dames avouèrent (oui, en général, les pilotes de ces engins volants sont des femmes.) Si les hommes avaient battu les records de pilotes d’avions de jour, les femmes, elles avaient battu celui de pilotes d’avions de nuit. Elles avouèrent généralement qu’elles étaient dans l’avion en provenance d’Europe, et qu’une panne sèche les avait obligé à atterrir urgemment sur cette toiture. Mais ces crash ne firent jamais de victimes en vies humaines.
D’autres faits beaucoup plus médiatisés défrayèrent la chronique. Tenez par exemple l’histoire de cette fillette co-pilote d’avion de nuit. Elle explique qu’au milieu de la nuit, si vous entriez dans sa chambre, vous la trouveriez allongée, mais ce n’est que son corps, elle même aurait déjà entrepris avec ses compères, un voyage astral. C’est d’ailleurs en revenant de l’un de ces voyages qu’elles ont crashé sur le toit d’une maison par manque de carburant. Et cette histoire a fait la une d’une émission d’équinoxe tv, » regard social », pour ne pas la citer.
En réalité, le ciel africain n’est pas aussi innocent que cela. On a des chose qui nous traversent, au dessus de nos têtes mais on n’y prête pas attention. Pour compléter, certains peuples de chez nous croient encore aux choses dépassant l’entendement. Vous n’y croiriez pas si je vous les disais. Mais il est mieux d’en parler ici.
Dans la région de l’Ouest Cameroun, en territoires grassfields (les hauts plateaux de l’ouest ), on fait encore parler le crâne humain. En outre, lorsque quelqu’un meurt ( un chef de famille par exemple), on le dépossède de sa tête quelques temps après pour la garder soigneusement dans une chambre( la chambre des crânes ). Et quand les choses vont mal, dans la famille, qu’elle tend à sombrer, on va consulter le crâne non sans avoir fait quelques rites. Alors, le crâne vous dit à ce moment ce que vous devez faire: si c’est l’un des membres de la famille qui est mis en cause, il le dit explicitement, en lui signifiant les rites à suivre afin que tout aille pour le mieux. Mes amis originaires de cette partie du pays affirment que ça marche quand toute est respecté…
Si je parlais de tout ce qui se passe, chez nous, dans nos coutumes et cultures, pour emprunter les paroles des saints, le monde même ne pourrait les contenir.
Théophile Mapan
Douala, Cameroun
Premier repas ufologique de Douala, Cameroun, 4 juillet 2016

Théophile Mapan est un auteur en herbe né le 7 décembre 1981 à Douala, dans une famille polygamique. A la suite de la mort de son père, puis sa mère adoptive, il va se lancer dans la vie active, en faisant des petits métiers pour survivre. Ensuite il entreprendra de faire des cours du soir où il obtiendra son baccalauréat. il va travailler si et là pour ensuite tout abandonner, rejoindre l’art sa passion de toujours : la musique poétique, le journalisme, l’écriture en général sont ses rêves d’enfant.





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