
Par Tristan Routier
Les traditions orales d’Afrique de l’Ouest regorgent de récits fascinants qui, au-delà de leur dimension mythique, interrogent notre compréhension du passé et du rapport des sociétés anciennes à l’inexplicable. Parmi ces récits, celui de Mali Bero et de son « grenier volant » intrigue particulièrement. Cette figure légendaire, issue des traditions zarma et songhay, aurait parcouru de vastes territoires en utilisant un engin mystérieux, décrit comme un grenier en paille flottant dans les airs, lui permettant de traverser le Sahel et d’asseoir son influence politique et militaire. Ce mythe, transmis au fil des générations, soulève des questions sur la nature de l’objet en question et sur les éventuelles influences externes qui auraient pu inspirer une telle représentation du voyage aérien.
Loin d’être un cas isolé, ce récit rappelle d’autres traditions africaines intégrant des notions de déplacement céleste et d’interactions avec des entités venues d’ailleurs. Les Dogons du Mali, par exemple, possèdent une cosmogonie où des êtres surnaturels, les Nommo, sont associés à Sirius et décrits comme ayant voyagé vers la Terre dans une arche céleste(1). L’exactitude des connaissances astronomiques de ce peuple, notamment leur description de Sirius B bien avant sa découverte scientifique, continue d’alimenter les débats entre anthropologues, historiens et chercheurs en ufologie. Ce type de rapprochement entre légendes ancestrales et hypothèses contemporaines sur d’éventuels contacts extraterrestres a longtemps été relégué aux marges du discours scientifique. Pourtant, dans un contexte où l’intérêt pour les phénomènes aérospatiaux non identifiés ne cesse de croître, ces récits prennent une nouvelle dimension.
L’Occident aborde généralement le phénomène OVNI sous un prisme technologique et scientifique, en tentant de documenter les anomalies spatiales à travers des instruments d’observation et des analyses empiriques. En Afrique, la perception de ces phénomènes s’inscrit dans une lecture bien différente, souvent teintée de mysticisme et d’interprétations spirituelles. Dans le Sahel, où l’invisible est une composante indissociable du quotidien, l’apparition de lumières étranges dans le ciel n’est pas nécessairement perçue comme une anomalie à expliquer, mais comme une manifestation du sacré, intégrée dans un système de croyances complexe.
À la croisée des traditions orales et des questionnements modernes sur les objets volants non identifiés, l’histoire de Mali Bero ouvre ainsi un champ d’analyse inédit. S’agit-il d’un témoignage ancestral d’une rencontre avec une technologie inconnue, d’un simple mythe servant à structurer un imaginaire collectif, ou d’une relecture moderne influencée par des récits extérieurs ? Pour mieux comprendre ces enjeux, il est essentiel d’explorer les origines du mythe et son rôle dans la mémoire collective des sociétés ouest-africaines.
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Dans le vaste répertoire des récits traditionnels d’Afrique de l’Ouest, l’histoire de Mali Bero occupe une place singulière. Ce personnage légendaire, ancré dans la mémoire collective des Zarma et des Songhay, est associé à un moyen de déplacement hors du commun : un « grenier volant » qui lui aurait permis de parcourir de grandes distances à travers le Sahel. Ce récit, transmis à travers les générations, intrigue non seulement par son contenu fantastique, mais aussi par les questionnements qu’il suscite quant à une possible réinterprétation contemporaine du phénomène OVNI(2).

Selon la tradition orale, Mali Bero aurait entrepris son périple à la suite de tensions au sein de son clan, optant pour l’exil plutôt que l’affrontement. À bord de son mystérieux engin, il aurait survolé des régions entières avant d’atterrir en divers points stratégiques du Niger actuel, où il aurait établi son autorité. Les descriptions du « grenier volant », parfois désigné sous le terme de daaba-zarma, évoquent une structure circulaire en paille, rappelant le fond des greniers traditionnels utilisés pour le stockage des céréales. Ce détail intrigue les chercheurs, car si l’image d’un grenier comme moyen de transport peut paraître incongrue à première vue, elle pourrait être le reflet symbolique d’une technologie méconnue, traduite dans le langage et les références culturelles de l’époque.
L’existence de ce mythe ne se limite pas à la simple évocation d’un voyage extraordinaire. Il s’inscrit dans une tradition plus large de récits africains intégrant des éléments surnaturels liés aux déplacements aériens. Chez les Dogons du Mali, les Nommo, ces êtres amphibies associés à la cosmogonie de Sirius, sont décrits comme ayant descendu du ciel à bord d’une arche céleste. Le parallèle avec le voyage de Mali Bero est frappant, bien que les contextes diffèrent. La question demeure : ces récits doivent-ils être interprétés comme des métaphores symboliques d’une mobilité sociale et politique, ou témoignent-ils d’une perception ancienne de phénomènes aérospatiaux inexpliqués ?
L’analyse de ces traditions orales révèle l’importance du « ciel » dans les imaginaires ouest-africains. Qu’il s’agisse des Dogons, des Zarma ou d’autres peuples du Sahel, les récits relatent fréquemment des interactions entre les humains et des entités venues d’ailleurs. Ces entités, souvent perçues comme des messagers ou des guides spirituels, auraient légué des connaissances et accompagné l’évolution des sociétés humaines. Ce schéma narratif n’est pas sans rappeler certains récits de contact extraterrestre popularisés en Occident, bien que les significations attribuées à ces phénomènes diffèrent fondamentalement. Tandis que les cultures scientifiques modernes cherchent des explications physiques et technologiques aux objets volants non identifiés, les traditions africaines les intègrent à une vision du monde où le visible et l’invisible coexistent en permanence.
Une des particularités du récit de Mali Bero réside dans son ancrage historique et géographique. Contrairement aux récits mythologiques purement symboliques, cette histoire est associée à des lieux précis et à des événements historiques qui ont marqué la région. La mare de Taara, par exemple, est mentionnée comme l’un des points d’atterrissage du grenier volant. De même, le rôle d’Oumarou Dakala, un autre personnage historique, est souvent lié à celui de Mali Bero, renforçant ainsi la confusion entre réalité historique et légende(3). Cette ambiguïté entre le mythe et l’histoire est fréquente dans les traditions orales africaines, où la mémoire collective tend à fusionner les éléments factuels avec des représentations symboliques plus larges.
Cette interaction entre récit et territoire souligne la fonction sociale du mythe. Le périple de Mali Bero ne se limite pas à une aventure individuelle ; il symbolise un mode de transmission des valeurs, des alliances et des conflits ayant façonné la région. Dans cette perspective, l’image du grenier volant peut être comprise comme une métaphore (3 Ibid) de la capacité d’un chef à surmonter les obstacles, à transcender les conflits et à imposer son autorité au-delà des limites géographiques. Pourtant, cette explication n’exclut pas d’autres interprétations plus audacieuses. Les chercheurs en ufologie, qui s’intéressent aux récits anciens évoquant des objets volants, y voient parfois une description archaïque d’un contact avec une technologie inconnue, traduite dans le langage du contexte culturel de l’époque.
Loin d’être un simple récit fantastique, l’histoire de Mali Bero illustre la richesse et la complexité des traditions orales africaines. À travers elle, se dessinent des questionnements sur la nature des mythes, leur rapport à l’histoire et leur possible lien avec des phénomènes inexpliqués. Si le « grenier volant » demeure une énigme, il s’inscrit dans un cadre plus large où le ciel et ses mystères continuent d’exercer une fascination durable sur les sociétés humaines. Cette exploration des récits du passé ouvre ainsi la voie à une réflexion plus profonde sur la manière dont l’humanité, à travers ses diverses cultures, perçoit et interprète l’inconnu.
À la lumière de ces éléments, la question centrale demeure : dans quelle mesure le mythe de Mali Bero et son engin céleste peut-il être rapproché des témoignages contemporains sur les OVNI ? Pour y répondre, il est nécessaire de replacer ces récits dans le contexte plus large des phénomènes aérospatiaux non identifiés en Afrique et d’examiner comment ils sont perçus à travers le prisme des croyances locales et des avancées scientifiques modernes.
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L’histoire de Mali Bero et son grenier volant soulève une question fascinante qui dépasse le cadre des simples récits traditionnels africains : comment interpréter les similitudes entre ces mythes et les phénomènes aérospatiaux non identifiés observés à différentes époques ? À travers le monde, les récits oraux regorgent de descriptions évoquant des véhicules célestes, des entités venues du ciel et des voyages interstellaires. L’Afrique de l’Ouest ne fait pas exception. La culture dogon, par exemple, entretient une relation singulière avec l’astronomie et semble posséder des connaissances avancées sur Sirius, une étoile dont l’une des composantes, Sirius B, est invisible à l’œil nu et n’a été officiellement identifiée qu’au XIXᵉ siècle(4). Cette précision étonnante a conduit certains chercheurs à s’interroger sur la source de ce savoir, alimentant des théories suggérant une influence extérieure, voire extraterrestre(5).
Dans la cosmogonie dogon, les Nommo, des êtres décrits comme amphibiens et venus du ciel, sont censés avoir descendu sur Terre dans une arche brillante, qui leur aurait permis de transmettre aux humains les rudiments de la civilisation et des connaissances cosmiques. Cette vision résonne étrangement avec d’autres récits de la région sahélienne, où des objets célestes ou des voyages aériens sont mentionnés sous des formes diverses. Le « grenier volant » de Mali Bero peut ainsi être envisagé dans cette perspective : s’agit-il d’une légende construite autour d’un personnage historique ou du lointain souvenir d’un contact avec un phénomène inexpliqué ?
L’interprétation des phénomènes aériens diffère profondément entre l’Occident et l’Afrique. Dans les pays industrialisés, la recherche sur les OVNI repose sur une approche scientifique, alimentée par les avancées technologiques et les enquêtes militaires. Aux États-Unis, la médiatisation des observations d’objets non identifiés a contribué à la mise en place de programmes de recherche, comme l’AARO (Alldomain Anomaly Resolution Office), qui analyse ces phénomènes dans un cadre sécuritaire et stratégique. En France, le GEIPAN (Groupe d’Études et d’Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés), rattaché au CNES, collecte et classe les signalements pour tenter de leur donner une explication rationnelle. Cette approche pragmatique contraste avec celle des cultures africaines, où le mystique et le scientifique ne sont pas opposés mais se complètent dans la compréhension du monde.

Dans plusieurs régions du continent, les manifestations aériennes inexpliquées sont souvent interprétées comme des signes spirituels, des manifestations divines ou des esprits ancestraux en déplacement. Au Bénin et au Togo, certaines lumières observées dans le ciel sont associées aux divinités Vodun et considérées comme des messagers des mondes invisibles. Au Cameroun, les récits de lumières mouvantes sur le fleuve Nyong sont intégrés dans les croyances locales, où elles sont perçues comme des présages ou des avertissements spirituels. Loin d’être perçus comme des anomalies technologiques, ces phénomènes sont donc intégrés à une cosmologie qui leur donne un sens en accord avec les traditions locales.
Cette approche culturelle a conduit à une relative absence du débat sur les OVNI en Afrique. Contrairement aux États-Unis ou à l’Europe, où le sujet fait régulièrement l’objet d’études académiques et de controverses publiques, le phénomène reste largement ignoré sur le continent. Cette absence de débat ne signifie pas pour autant un manque d’intérêt. Au contraire, elle peut être interprétée comme une forme d’évidence. Dans un contexte où l’invisible est omniprésent et où les entités spirituelles font partie du quotidien, les OVNI ne sont pas considérés comme un phénomène exceptionnel nécessitant une explication scientifique détaillée. Cette perception ancrée dans le vécu des sociétés africaines explique pourquoi de nombreux témoignages ne sont pas systématiquement documentés ou étudiés de manière critique.
L’hypothèse d’une influence extérieure sur les savoirs ancestraux, notamment en ce qui concerne l’astronomie des Dogons, continue de diviser les chercheurs. Si certains anthropologues expliquent la précision de ces connaissances par un long processus d’observation empirique et de transmission orale, d’autres avancent l’idée que des civilisations anciennes auraient pu être en contact avec des entités ou des visiteurs dotés d’un savoir avancé. Cette thèse s’appuie notamment sur des récits évoquant des êtres descendent du ciel, à l’image des Nommo dogons ou du grenier volant de Mali Bero. La difficulté réside dans le fait que ces récits, bien que fascinants, ne disposent pas de preuves matérielles suffisantes pour être validés par la science moderne.
Cette tension entre mythe et réalité se retrouve dans d’autres traditions africaines où l’idée d’un contact entre le monde terrestre et des réalités supérieures est omniprésente. Dans certaines versions du mythe de Sunjata Keita, fondateur de l’Empire du Mali, des éléments surnaturels entourent son parcours et sa destinée, suggérant une intervention d’entités célestes dans son ascension au pouvoir. De même, dans les traditions orales du Ghana ancien, les ancêtres de certaines lignées royales affirment être issus d’êtres « descendus des étoiles »(6).
L’histoire de Mali Bero s’inscrit dans cette logique où le voyage aérien est perçu comme un acte sacré, réservé à des êtres dotés d’un pouvoir ou d’un savoir supérieur. Que ce voyage soit une métaphore politique et spirituelle ou le souvenir altéré d’un événement réel demeure une question ouverte. Ce récit met en lumière les tensions entre différentes visions du monde : d’un côté, une approche scientifique qui cherche des preuves tangibles et mesurables, de l’autre, une vision où le mystère fait partie intégrante de la réalité et où les explications rationnelles ne sont pas toujours nécessaires.
À travers ces récits, une convergence troublante se dessine entre les mythes africains et certains témoignages modernes d’observations aérospatiales inexpliquées. En explorant ces parallèles, il devient évident que la perception du phénomène OVNI ne peut être réduite à une lecture strictement occidentale ou technologique. Elle doit intégrer les dimensions culturelles et spirituelles qui influencent la manière dont ces phénomènes sont compris et racontés. Cette réflexion soulève une question essentielle : les mythes du passé pourraient-ils être la clé pour mieux comprendre les phénomènes inexpliqués du présent ?
Pour tenter de répondre à cette interrogation, il est nécessaire d’examiner plus en détail comment ces récits sont réinterprétés aujourd’hui et quel rôle ils jouent dans la construction d’une mémoire collective qui oscille entre tradition et modernité.
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L’histoire de Mali Bero et de son grenier volant, longtemps perçue comme un simple récit mythologique, suscite aujourd’hui un intérêt renouvelé à la lumière des avancées scientifiques et des débats contemporains sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés. Alors que les traditions orales africaines sont souvent considérées comme des réservoirs de sagesse ancestrale, elles offrent également des perspectives qui interrogent notre compréhension du passé et de l’inexpliqué. Ce mythe, inscrit dans la mémoire collective des Zarma et des Songhay, fait écho à d’autres récits évoquant des déplacements aériens mystérieux, posant ainsi la question de son interprétation dans un cadre plus large, entre métaphore sociale et éventuel témoignage d’un phénomène technologique encore méconnu.
Le premier élément à interroger est la fonction même du mythe dans les sociétés qui l’ont transmis. Au-delà de sa dimension narrative, il structure une réalité sociale et politique qui s’inscrit dans un système de croyances façonné par des siècles de transmission orale. Loin d’être un simple conte, le récit de Mali Bero a joué un rôle dans l’organisation des hiérarchies locales, en légitimant certaines lignées et en conférant à certains territoires un statut particulier. Cette lecture permet de comprendre pourquoi ce mythe a survécu jusqu’à aujourd’hui : il ne décrit pas seulement un exploit individuel, mais sert aussi de cadre explicatif pour des dynamiques historiques et territoriales(7).

L’idée d’un « grenier volant » intrigue cependant par sa singularité. La métaphore du grenier, symbole de richesse et de prospérité dans les sociétés agraires d’Afrique de l’Ouest, renvoie directement à l’idée de protection et d’abondance. Or, le fait que cet objet soit doté d’une capacité de déplacement confère au récit une dimension qui dépasse la simple symbolique. Loin d’être un motif isolé, cette description s’inscrit dans un ensemble plus large de traditions évoquant des véhicules célestes. Dans plusieurs cultures du Sahel, les anciens parlent de structures flottantes ou d’objets lumineux qui traversent le ciel, parfois en lien avec des figures de pouvoir ou des entités surnaturelles.
Cette corrélation avec d’autres récits cosmologiques pose la question d’une possible transmission d’un savoir ancien, voire d’un souvenir transformé au fil des siècles. L’hypothèse selon laquelle certaines de ces descriptions pourraient correspondre à l’observation de phénomènes aériens non expliqués alimente les débats parmi les chercheurs en ufologie et en anthropologie. Certains, comme Robert Temple7 ont avancé l’idée que des civilisations anciennes auraient pu recevoir des connaissances d’origine extérieure, citant notamment les Dogons et leur surprenante connaissance des cycles orbitaux de Sirius B bien avant la confirmation scientifique moderne. Si cette hypothèse demeure controversée, elle oblige à reconsidérer la manière dont ces sociétés ont perçu leur environnement et les événements extraordinaires qui ont pu marquer leur histoire.
Dans ce contexte, l’histoire de Mali Bero soulève une interrogation essentielle : ces récits traduisent-ils une vision du monde façonnée par des observations naturelles, une transmission ésotérique de savoirs anciens ou le témoignage d’un contact avec une forme de technologie inconnue ? Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que de nombreux récits d’Afrique de l’Ouest contiennent des éléments comparables à ceux documentés dans d’autres traditions anciennes. Les notions de voyages célestes, de messagers descendus du ciel et de technologies avancées apparaissent dans plusieurs récits, parfois en lien avec des figures divines ou héroïques, et présentent des similitudes troublantes avec les descriptions contemporaines d’objets volants non identifiés.
L’un des défis majeurs dans l’analyse de ces récits réside dans l’absence de traces matérielles permettant d’appuyer ces hypothèses. Contrairement aux sites archéologiques qui permettent d’établir des continuités historiques, les traditions orales reposent sur des transmissions intergénérationnelles où le symbolisme et la mythologie peuvent altérer la nature initiale des événements rapportés. Cette caractéristique rend l’étude du phénomène complexe, mais ne doit pas pour autant conduire à son rejet systématique. De plus en plus de chercheurs plaident pour une approche interdisciplinaire qui intègre à la fois les outils de l’histoire, de l’anthropologie et des sciences de l’espace afin d’examiner ces récits sous un prisme plus large.
En parallèle, les évolutions récentes dans l’étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés ont contribué à renouveler l’intérêt pour ces récits. Loin d’être reléguée aux théories marginales, la question des OVNI est désormais étudiée par des institutions scientifiques et militaires, notamment aux États-Unis, où des rapports officiels ont confirmé la présence d’objets aériens dont le comportement défie les explications conventionnelles. Cette reconnaissance progressive du phénomène ouvre la voie à une réévaluation des récits anciens et de leur éventuelle correspondance avec des manifestations contemporaines similaires.
Dans le cas de Mali Bero, cette relecture contemporaine implique d’examiner la persistance du mythe dans les sociétés actuelles et sa capacité à évoluer en fonction des nouveaux paradigmes culturels et scientifiques. Loin d’être figé dans une tradition statique, ce récit continue d’alimenter les imaginaires et de soulever des interrogations sur la nature du savoir transmis par les anciens. Certains chercheurs estiment que les descriptions de véhicules aériens dans les traditions africaines pourraient être comparées aux observations d’objets lumineux signalées aujourd’hui dans plusieurs régions du continent, où elles sont parfois interprétées comme des manifestations spirituelles, parfois comme des phénomènes inexpliqués relevant de l’astronomie ou de la physique atmosphérique.
Si le grenier volant de Mali Bero reste un mystère, il incarne une problématique plus large qui dépasse le simple cadre des traditions africaines. Il interroge notre rapport à l’histoire, aux savoirs ancestraux et aux phénomènes que nous ne sommes pas encore en mesure de comprendre pleinement. À mesure que la recherche avance et que les frontières entre mythe et réalité deviennent plus poreuses, il devient essentiel d’adopter une approche qui permette d’articuler les connaissances traditionnelles avec les découvertes scientifiques.
Alors que l’humanité continue d’explorer l’espace et de questionner son propre passé, les récits comme celui de Mali Bero rappellent que les civilisations anciennes ont peut-être été les témoins de phénomènes que nous ne faisons que commencer à appréhender. La mémoire collective, à travers ses mythes et ses légendes, pourrait ainsi contenir des indices précieux sur des réalités encore insaisissables. À ce titre, revisiter ces récits sous un angle pluridisciplinaire n’est pas seulement un exercice intellectuel : c’est une clé pour mieux comprendre la façon dont les sociétés ont perçu l’inexplicable à travers les âges.
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L’histoire de Mali Bero et de son grenier volant traverse le temps et continue d’interroger la mémoire collective des sociétés ouestafricaines. Ce récit, ancré dans les traditions orales des Zarma et des Songhay, ne se limite pas à un simple mythe. Il reflète une vision du monde où le sacré et l’inexpliqué s’entrelacent pour structurer l’histoire et la culture d’un peuple. Loin d’être un cas isolé, ce récit entre en résonance avec d’autres traditions africaines qui évoquent des véhicules célestes et des figures venues du ciel, suggérant que la fascination pour les phénomènes aériens remonte à des temps immémoriaux.

Si les interprétations diffèrent, une question essentielle demeure : le grenier volant de Mali Bero doit-il être compris comme une métaphore politique et spirituelle, ou renferme-t-il des indices d’un phénomène technologique dont le souvenir a été conservé sous forme symbolique ? Cette interrogation prend une dimension particulière dans le contexte du regain d’intérêt mondial pour les objets volants non identifiés. Aux États-Unis, en Europe et même dans certaines institutions scientifiques, les OVNI sont désormais abordés avec sérieux, remettant en cause l’idée selon laquelle ces phénomènes relèveraient uniquement du folklore ou de l’imagination.
En Afrique, la question des OVNI est abordée sous un prisme bien différent. Plutôt que d’être perçus comme une anomalie scientifique, ces phénomènes s’intègrent souvent dans une cosmologie où le visible et l’invisible coexistent. La mystique, la spiritualité et la tradition orale permettent d’expliquer ces manifestations d’une manière qui n’entre pas en conflit avec le cadre de pensée local. Cette conception reflète une vision du monde dans laquelle l’inexplicable n’a pas besoin d’être réduit à une simple énigme scientifique, mais peut exister en tant que réalité parallèle, intégrée dans le tissu social et culturel.
L’étude du mythe de Mali Bero met en lumière la nécessité d’une approche pluridisciplinaire qui dépasse les clivages entre rationalité occidentale et perception mystique africaine. Loin de se contredire, ces deux visions offrent des perspectives complémentaires sur un même phénomène. Si la science moderne cherche des preuves tangibles, la tradition orale détient une mémoire qui, bien que transformée par le temps, pourrait contenir des traces d’événements réels. Les récits ancestraux, qu’ils soient dogons, zarma ou d’autres peuples du Sahel, rappellent que les civilisations anciennes ont observé et interprété le monde d’une manière qui mérite d’être prise en compte dans les réflexions contemporaines sur l’inexpliqué.
Dans un contexte où l’exploration spatiale et l’étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés connaissent un essor sans précédent, ces récits prennent une nouvelle dimension. Ils invitent à reconsidérer le rapport entre histoire, science et croyances, et à interroger la possibilité que certains événements, perçus comme légendaires, puissent être les témoins altérés d’un savoir oublié ou d’un contact avec des réalités encore insaisissables. Plus qu’un simple mythe, le voyage de Mali Bero pourrait ainsi être une fenêtre sur un passé que l’humanité n’a pas encore pleinement déchiffré.

- Griaule, M., & Dieterlen, G. (1965). Renard pâle : Ethnologie des Dogon. Paris : Institut Français d’Ethnologie.
- Actes du troisième Colloque international de l’Association SCOA. (1977). Histoire et tradition orale : Projet Boucle du Niger, l’Empire du Mali, l’Empire du Ghana, l’Empire du Songhay. Niamey.
- Griaule, M., & Dieterlen, G. (1965). Renard pâle : Ethnologie des Dogon. Paris : Institut Français d’Ethnologie.
- Temple, R. (1976). The Sirius Mystery: New Scientific Evidence of Alien Contact 5,000 Years Ago. St. Martin’s Press.
- Actes du premier Colloque international de l’Association SCOA. (1975). Histoire et tradition orale : Projet Boucle du Niger, l’Empire du Mali, l’Empire du Ghana, l’Empire du Songhay. Niamey.
- Actes du troisième Colloque international de l’Association SCOA. (1977). Histoire et tradition orale : Projet Boucle du Niger, l’Empire du Mali, l’Empire du Ghana, l’Empire du Songhay. Niamey.
- Temple, R. (1976). The Sirius Mystery: New Scientific Evidence of Alien Contact 5,000 Years Ago. St. Martin’s Press.




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