
Bonjour M. Taylor, c’est un honneur de vous interviewer pour UAP Afrique. Vous êtes professeur au John Jay College of Criminal Justice à New York, et vous êtes à l’offensive sur la question de la divulgation. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours et vos origines pour un public francophone ?
Je vis à New York et j’enseigne la justice pénale. Pour moi, la question des PAN (phénomènes aériens non identifiés) est vraiment importante pour le monde de la sécurité publique et de la justice pénale. Ce n’est pas seulement à cause de l’histoire du sujet ou des défis qu’il pose, mais aussi à cause de tout ce qu’il implique pour l’avenir — pour la société, et même pour l’humanité en général.
Je sais que les barrières linguistiques rendent souvent la communication difficile, alors je partage régulièrement des infos avec les communautés francophones et hispanophones sur X, même si la majorité des contenus sont en anglais.

Lue Elizondo et Keith Louis Taylor
Pourquoi cet intérêt pour le sujet UAP ?
Mon intérêt pour les PAN n’a commencé qu’en 2017, après l’article du New York Times qui parlait de la réalité du phénomène. À partir de là, j’ai commencé à enquêter doucement et à me former moi-même : j’ai acheté des livres, regardé des documentaires, écouté des interviews et des podcasts… et je me suis rendu compte qu’il existait une quantité énorme d’informations dont je n’avais absolument pas connaissance.
J’ai aussi compris qu’il fallait que je sois un porte-voix pour la communauté des forces de l’ordre, car ce sont eux, historiquement, qu’on appelle en premier lors d’incidents liés aux PAN. Ils devraient donc, au minimum, recevoir une formation adaptée, être équipés correctement, et avoir des protocoles clairs pour pouvoir gérer ces situations de manière sécurisée — à la fois pour eux-mêmes et pour les personnes qu’ils ont juré de protéger.

UAP Afrique a été fondé en novembre 2023, entre autres pour détruire le cliché OVNI, un mythe occidental. Comment la communauté afro-américaine réagit-elle à la question UAP ? On précise au quotidien parce que culturellement, on voit des cinéastes afro-américains comme Jordan Peele exploiter ce sujet.
Je pense que la perspective de la communauté afro-américaine sur les OVNIs reflète les valeurs plus larges de la société américaine : pour la grande majorité des gens, c’est un sujet auquel on ne pense pas, et quand on y pense, on ne le prend pas vraiment au sérieux.
Et ceux qui osent en parler ou s’y intéresser ont souvent un lien particulier avec le sujet — une expérience, un événement marquant, quelque chose qui a éveillé leur curiosité. Mais dans l’ensemble, que ce soit chez les Afro-Américains ou chez les autres, les PAN n’intéressent pas vraiment, sauf peut-être pour se divertir.
Par contre, dès qu’on demande à être pris au sérieux en parlant de ce sujet, il y a presque toujours des réactions négatives : moqueries, rejet, stigmatisation. Et ça, malheureusement, ça n’a pas beaucoup changé depuis que le sujet existe dans la conscience américaine — depuis sept ou huit décennies, au moins.

Le célèbre couple mixte Betty et Barney Hill
Nous savons que le collectif Experiencers of Color existe. Existe-t-il d’autres initiatives au sein de la communauté afro-américaine en rapport avec la question UAP ?
J’imagine que dans différents pays, avec différentes cultures, il existe diverses organisations ou entités qui s’intéressent à la question des PAN. En ce qui concerne la communauté afro-américaine, il y a sans doute des initiatives — peut-être petites, peut-être plus informelles — mais je ne pense pas que ce soit encore très répandu, en grande partie à cause du manque d’intérêt général au sein de la communauté.
L’un des aspects positifs, c’est que grâce aux réseaux sociaux, la distance géographique n’est plus vraiment un obstacle. Les personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêt peuvent se rencontrer, échanger, et construire ensemble, peu importe où elles vivent. Je pense que c’est ce qui va se passer avec les organisations qui se forment autour du sujet des PAN selon différents groupes d’affinité.
Lue Elizondo a intitulé son livre IMMINENT. Partout dans le monde, les initiatives se multiplient pour se pencher sérieusement sur la question des ovnis. Pensez-vous que l’étau se resserre ? Qu’il se passe quelque chose ou que, comme le disent les sceptiques, c’est un cycle et que tout retombera ?
Je pense que la corde se resserre, mais en même temps, le couteau pour la couper est aussi en train d’être utilisé. Le récent article du Wall Street Journal, qui tente de discréditer des personnes de la communauté PAN ou des témoins ayant des parcours solides et des récits crédibles sur des choses incroyables, en est un bon exemple.
Le simple fait que cet article ait été publié montre que les vieilles méthodes sont toujours bien présentes — celles des milieux du renseignement ou de la défense qui essaient, encore une fois, de faire marche arrière, de remettre le dentifrice dans le tube.
Je pense que ces tentatives servent à détourner l’attention de programmes ultra-classifiés, voire clandestins, qui traiteraient de choses comme la récupération de crashs, la rétro-ingénierie de technologies d’origine inconnue, ou même des biologiques d’origine inconnue.
Ce genre de comportement — la diversion, la désinformation — va continuer. Même s’il y avait un événement mondial, je suis sûr qu’il y aurait une campagne de désinformation qui essaierait d’exploiter la situation pour en tirer un bénéfice personnel ou stratégique.
C’est pour ça qu’il faut absolument continuer les efforts pour obtenir la divulgation, en utilisant différents moyens : dans le monde universitaire, à travers des lanceurs d’alerte, en mettant la pression sur les gouvernements pour qu’ils partagent ces informations avec leurs citoyens, et avec le monde entier.
Et au final, j’espère que cette prise de conscience mondiale aidera l’humanité à se reconnecter, à retrouver ce qui nous unit, et à éviter — peut-être — un peu de la violence, des morts, et de la destruction dont on est malheureusement capables en tant qu’espèce.








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